La chronique de benjamin viguier La chasse aux jeunes TC est ouverte !
Le recrutement de technico-commerciaux, notamment parmi les jeunes, reste toujours un parcours du combattant. Mais ne perdez pas espoir : en actionnant certains leviers, la roue pourrait tourner.
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Tout le monde se plaint depuis des années d’avoir un mal croissant à recruter sur le métier de TC. Et même si des initiatives ont été lancées, aucune solution complète à ce problème ne pointe réellement le nez à l’horizon ! Tout se passe comme si le métier de TC faisait fuir les plus jeunes. Et quand on arrive à les capter, les jeunes recrues semblent avoir une fâcheuse tendance à considérer avoir fait le tour du métier en moins de deux campagnes… Alors que manque-t-il ?
Être clair sur les nouvelles compétences du métier
Le prérequis reconnu par beaucoup pour ce métier est l’expertise technique, agronomique ou zootechnique. Et pourtant, chacun sait que le rendez-vous avec les années qui viennent se situe plutôt du côté de la mutation de nos pratiques actuelles. Poussée par une évolution forte des attentes des consommateurs, et le défi climatique auquel nous sommes confrontés, l’agriculture française doit se réinventer. Il s’agit donc pour la nouvelle génération de TC de proposer et de porter de nouvelles manières de produire, plus vertueuses et adaptées au contexte climatique. Le défi ne manque ni d’ambition ni d’attrait.
Il va donc falloir sur le terrain des TC capables de s’imprégner des modèles techniques actuels pour mieux les transformer, pas pour les renouveler ! Et surtout, il nous faut intégrer que les compétences liées au poste vont changer. Il semble donc, dans ce moment de transition, bien plus important de nous intéresser à ce que ces jeunes seraient potentiellement capables d’inventer, plutôt qu’à ce qu’ils savent faire. Nous devons donc mobiliser les meilleurs potentiels et nous donner les moyens de les garder.
Proposer une formation et un accompagnement soutenus
Fini le temps où l’on pouvait s’autoriser à lâcher un jeune TC débutant dans la nature en se contentant de l’équiper d’une clé, d’une voiture et d’un secteur ! Ce temps-là est révolu, et c’est le grand paradoxe de notre époque : de jeunes candidats formés, dotés bien souvent de vraies capacités, mais qui attendent pourtant qu’on leur offre un programme de formation continue au long cours. Sans quoi ils pourraient vite aller vers de nouveaux horizons. Ils aspirent à évoluer plus fort et plus vite, mais expriment en même temps le besoin d’être fortement accompagnés dans leurs débuts. À nous de nous adapter : renoncer à cet effort de formation, c’est finalement fermer la porte à cette génération.
Entretenir leurs ambitions et leurs rêves
Mais cet appétit d’évolution mérite aussi d’être entretenu, même s’il faut savoir parfois le modérer. Nous avons tout à gagner à développer dans nos organisations des process de mentorat, pour accompagner les ambitions des plus jeunes collaborateurs. Osons leur dire qu’ils ont raison d’espérer évoluer et sachons témoigner avec bienveillance de la nécessité de s’en donner les moyens en développant tout d’abord de belles réussites initiales !
Cultiver la sensation de liberté
La reconnaissance, l’équilibre, la liberté d’action sont devenus beaucoup plus importants que le salaire chez bon nombre de jeunes postulants au métier de TC. Là encore déboule un paradoxe : nous ressentons tous de plus en plus le besoin de piloter nos actions commerciales pour en garantir l’impact, dans un marché où la moindre erreur de ciblage et de portage de l’offre peut faire perdre beaucoup. Et malgré tout, les plus jeunes de nos TC expriment pour autant un besoin d’autonomie de décision et d’action. À nous de trouver, dans nos styles et nos outils managériaux, le bon équilibre entre encadrement de l’action et stimulation de la prise d’initiative pour les libérer plutôt que les frustrer.
Rendre la fonction commerciale plus séduisante
Pour nous rendre attractifs, nous évoquons souvent la dimension « conseil », « accompagnement » de l’agriculteur. Il est temps d’affirmer que le métier de TC est largement aussi « commercial » que « technique ». La pression concurrentielle croissante nous oblige à nous battre chaque jour pour développer des parts de marché sans lesquelles nos entreprises verraient leur pérennité compromise. On dit que la compétence technique s’acquiert aisément par qui sait apprendre, alors que l’aptitude commerciale se cultive plutôt, et surtout s’entretient à coup d’entraînement intensif.
Là aussi, osons formuler avec force les enjeux que nous associons à l’émergence de la nouvelle génération de TC qui s’annonce : ce sont de vrais développeurs dont nous avons besoin avec une bonne dose de combativité. Nous devons lever la vision négative que revêt le commerce dans la tête de certains jeunes. Il faut au monde agricole des personnes qui prennent un réel plaisir dans le développement commercial. Et arrêtons de penser que ce développement se fera avec les solutions d’hier. Celles de demain cherchent des bras pour être portées !
Pour attirer, recruter et fidéliser de jeunes TC, sollicitons leur audace et leur goût d’entreprendre. Pour ça, il nous faudra développer notre confiance envers eux pour qu’ils puissent finir, si nous le voulons bien, par révéler tout leur potentiel et participer à réinventer le monde agricole.
Pour conclure cette chronique, je tiens à partager cette citation de Steve Jobs, pleine de bon sens : « Cela n’a aucun sens d’embaucher des gens intelligents et de leur dire quoi faire. Nous embauchons des gens intelligents pour qu’ils puissent nous dire quoi faire. »
Benjamin Viguier b.viguier@motival.fr www.motival.frPour accéder à l'ensembles nos offres :